Mise en pratique de la leçon de communication

Publié le 19 Janvier 2016

Mise en pratique de la leçon de communication

Suite à la visite de Denis BOUCHARD, nous nous sommes mis au travail pour préparer notre rencontre avec les élus. En effet, la Communauté de Communes du Vexin-Thelle nous avait proposé d'intervenir lors de leur réunion communautaire. Nous avons sollicité l'aide de Joëlle BOBBIO, directrice artistique de la Compagnie AL DENTE et partenaire du projet, pour aider les jeunes à poser leur voix et à capter l'attention du public qui les attendait.

Voila ce que cela a donné:

"Nathanael

Bonjour, je m’appelle Nathanaël, j’ai 12 ans.

C’est très impressionnant de parler devant tant de monde, alors… je suis très impressionné.

Vous êtes tous des élus, mais en fait, je voudrais d’abord m’adresser à vous comme à des parents…et des grands parents.

Vous avez peut-être des enfants de mon âge, plus grands ou plus petits.

Et j’imagine que vous avez discuté avec eux de ce qu'il s’est passé il y a deux semaines à Paris. Et en Janvier avec Charlie Hebdo. Et de ce qui risque de se passer encore: cette barbarie, cette violence incroyable, ce massacre de gens qui n’ont rien fait, rien demandé.

Je ne sais pas si vos enfants ont pu vous dire ce qu’ils ressentaient, alors je vais vous dire ce que je ressens moi, aujourd’hui : Je suis scandalisé, je suis révolté, je me sens menacé, impuissant…

Je dis « même pas peur », mais en fait, si, j’ai peur.

J’ai peur d’aujourd’hui et j’ai peur de demain. Je voudrais pouvoir compter sur vous, les adultes, mais là, aujourd’hui, qu’est ce que vous pouvez faire ?

Demain, moi, mes frères et sœurs, mes copains, on sera les héritiers de ce que vous nous laisserez.

Et on n’est pas sûrs d’en vouloir de cet héritage là. Parce qu’il a l’air plutôt moche, non ?

Alors, vous qui êtes parents, grands parents, sachez que nous les jeunes on a des choses à vous dire, à partager avec vous. Sachez qu’on est inquiets mais qu’on a très envie de vivre le mieux possible.

Et que pour cela, on a besoin de votre soutien.

Justine

Bonjour, je m’appelle Justine, j’ai 13 ans et je suis médiatrice.

Comme vous, je me suis engagée au service des autres. Vous, vous êtes élus, et vous vous mettez au service des villageois ; moi et mes camarades, nous sommes volontaires et nous nous mettons au service de nos camarades du collège.

Pour être médiateur, il faut faire une formation de 21 heures et participer aux réunions de suivi toutes les semaines.

Etre médiateur, c’est aider des jeunes comme nous qui sont en conflit, à sortir de leur conflit. C’est leur proposer un espace sympathique et de notre temps pour qu’ils puissent discuter sans s’insulter, trouver les mots justes pour éviter les coups.

On pourrait presque dire que notre spécialité, c’est le conflit.

Chaque année, nous essayons, en plus, de réfléchir, avec les autres collégiens, à un aspect particulier du conflit : la rumeur, le bouc émissaire, le harcèlement, la différence….

Cette année, nous avons choisi de nous intéresser à un ENORME conflit : le conflit entre le monde et les juifs. Et comme c’est ENORME, nous ciblons plus particulièrement la période de la seconde guerre mondiale durant laquelle 6M de juifs ont été exterminés. Sur ces 6M de juifs, 11 400 étaient des enfants juifs français. 11 400 jeunes français comme nous, vraiment comme nous, qui ont été tués seulement parce qu’ils étaient d’origine juive ? C’est pas fou, ça ?

Je ne sais pas vous, mais moi, ça me révolte, ça me scandalise, je n’ai pas de mots pour dire ce que je ressens.

Et je me pose 2 questions, et je VOUS pose deux questions: est ce qu’on aurait pu éviter cela ? Et est-ce que l’on peut éviter que ça recommence ?

Hugo

Bonjour, je m’appelle Hugo : J’ai 14 ans, je suis médiateur et je suis citoyen

Citoyen, comme chacun d’entre vous.

Être citoyen, c’est faire partie d’une société, de son histoire, de ses règles, de ses codes.

Être citoyen, cela implique des droits et des devoirs.

Un des devoirs du citoyen, c’est le devoir de mémoire.

Cela fait partie de vos devoirs d’élus : Au moins deux fois par an, vous vous rendez devant le monument aux morts et vous rendez hommage aux soldats morts de la guerre de 14-18 et à ceux de la guerre de 39-40.

Vous avez remarqué, il n’y a plus beaucoup de jeunes à ces rassemblements là.

Vous pouvez peut-être penser que nous sommes indifférents, que « ah là là, les jeunes de maintenant, c’est pas comme de notre temps… »

Nous, des devoirs, c’est tous les jours qu’on en a. Et en plus quand on ne les fait pas bien, on est puni. Alors, le devoir de mémoire, en plus de tout le reste…

Par contre, le travail de mémoire, ça, ça nous intéresse. Car cela veut dire qu’on bouge, qu’on agit, qu’on cherche, qu’on interroge l’histoire pour qu’elle nous aide à donner du sens à ce qui se passe aujourd’hui. Pas seulement l’histoire de nos livres, mais l’histoire humaine, les témoignages qui nous donnent des émotions, qui font qu’on est révoltés, interloqués, anéantis ou émerveillés, fiers et confiants.

En commençant notre travail de mémoire sur la déportation des enfants juifs durant la seconde guerre mondiale, nous avons découvert avec émotion qu’un médecin de CHAUMONT EN VEXIN, estimée de tous, Rose LOWENBRAUN, avait été arrêtée, déportée à AUSCHWITZ et y était morte en mars 1943…Pourquoi ? Qui a rendu hommage à cette femme ?

Dans son convoi, le convoi 48, il y avait 151 enfants, comme moi, comme mes camarades. La plus petite avait 6 mois. Qui a rendu hommage à chacun de ces enfants ?

Nous, nous allons le faire. Ce sera notre travail de mémoire de cette année. Pour cela nous allons aller jusqu’en Pologne, jusqu’à AUSCHWITZ. Logiquement, si on est normaux, en sortant de là, on criera tous ensemble : « PLUS JAMAIS CA » et on reviendra différents.

Et on rendra compte de cette expérience en écrivant un recueil intitulé « M comme Mémoire et Émotions ».

Nathanael :

Ce recueil, il parlera de nous, il parlera de ces jeunes du convoi 48 en particulier, tous Français, mais d’origine juive, morts « pour une drôle de France ».

Justine

Ce recueil est en prévente depuis le mois de septembre pour une livraison le 18 juin 2016, jour symbolique de l’appel à la Résistance. La vente permettra de couvrir les coûts d’édition et d’impression et nous aidera à réduire le coût de notre voyage à AUSCHWITZ.

Hugo :

L’acquérir est un acte citoyen. C’est un acte de résistance active

Justine

L’acquérir est une marque de confiance et une reconnaissance de notre travail laborieux, volontaire, engagé.

Nathanael

L’acquérir, c’est accepter d’entendre la parole de jeunes et de partager entre génération une histoire commune dont nous sommes TOUS responsables.

Merci de votre attention"

Alors, on en pense quoi de ce petit exercice d'application?

Rédigé par Memoires&eMotions

Publié dans #LE PROJET

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M
Bravo pour ces prises de paroles, tellement efficaces et justes, très émouvantes. Alors j'ai deux souhaits : le premier que vous continuiez votre merveilleux travail et que devenus adultes, vous gardiez le même potentiel de révolte et de désir d'agir, le deuxième que mes petits-enfants opèrent la même prise de conscience que vous, lorsqu'ils grandiront.
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